Photos : de jeunes élèves "Pestalozziens" en plein travail

De 20h. à 22h., les visiteurs étaient invités à

"Faire de la géographie comme Pestalozzi le suggérait"

Pestalozzi se référait le plus souvent à Tête, Cœur, Main dans le cadre de l’enseignement qu’il demandait d’appliquer à ses collaborateurs. Il souhaitait associer la tête (la réflexion), le cœur (les émotions) et la main (apprentissage par le corps); il estimait que chaque élève devait avoir une expérience pratique pour lui permettre d’améliorer et de fixer ses apprentissages.

A l’Institut, les élèves faisaient avec leurs maîtres des excursions d’une journée ou plus, ce qui était tout à fait nouveau à l’époque. Ils devaient observer le paysage, les maisons, les plantes, peindre ce qu’ils voyaient... Ils « faisaient » de la géographie.

Louis Vuillemin, un ancien élève de l’Institut a écrit en 1871 un livre, dans lequel il raconte à ses petits-enfants comment se déroulaient les leçons de géographie : « On commençait par diriger notre promenade vers une vallée resserrée des environs d’Yverdon, celle où coule le Buron. On nous la faisait contempler dans son ensemble et dans ses détails, jusqu’à ce que nous en eussions l’intuition juste et complète. Alors on nous invitait à faire chacun notre provision d’une argile, qui reposait en couches dans un des flancs du vallon, et nous en remplissions des grands paniers que nous avions apportés pour cet usage. De retour au château on nous partageait de longues tables, et nous laissait, chacun sur la part qui lui était échue, reproduire en relief le vallon dont nous venions de faire l’étude... »

Durant la « Nuit des Musées », pas question d’envoyer les visiteurs dans la vallée du Buron et de leur faire rapporter de la terre glaise ! De même, il aurait été difficile de leur demander de visualiser un paysage de nuit !

Le matériel est simple : une photographie de paysage et un bac rempli de sable cinétique que l’on peut qualifier de magique : il ne tache pas, est très agréable au toucher et surtout permet de façonner toutes les formes imaginables. La démonstration commence par un peu de prévention qui n’engage que l’animateur, en l’occurrence le président de l’Association des Amis du Centre Pestalozzi. Il prend du sable, forme une belle boule qu’il tient dans sa main droite ; la boule, ferme au début, se déforme peu à peu et finit par s’écouler entre les doigts. « Vous venez de voir le cerveau d’un enfant planté à longueur de journée devant un écran… » Les parents approuvent ! Suit le rappel des leçons de géographie décrites ci-dessus par Louis Vuillemin. Et enfin les consignes :  « Vous devez visualiser et vous imprégner de la photographie ; après quelques minutes d’observation active, cette image est cachée et à vous de modeler le relief retenu dans le bac à sable magique ». Les enfants se précipitent et « empoignent » le sable ; les adultes touchent d’abord du bout des doigts, mais mettent ensuite la main à la pâte ! Les échanges fusent : « Il y avait un lac, des sapins ; il y a trois montagnes ; non ! quatre ! pourquoi tu fais en relief ! etc. » Après quelque cinq minutes, l’exercice prend fin et les auteurs des modélisations peuvent « corriger » leur œuvre en regardant la photographie. Bien entendu pas de note, tout étant question d’interprétation. Petits et grands ressortent enchantés de l’expérience et certains demandent où se procurer le sable magique.

Conclusion : riche expérience héritière d’une leçon de géographie initiée par un Pestalozzi précurseur !